Benjamin
Olivier Davis est le premier général noir de l’armée de l’air américaine. Il
intégra la prestigieuse Académie militaire de West Point en 1932. A cette
époque, il vécut la ségrégation raciale au
cours de sa formation. Personne ne lui adressait la parole. Il n’avait pas de
camarde de classe. Le « silent treatment » se mit en place pour lui,
car il fallait qu’il parte de l’école. Il devait ainsi supporter le regard de
toute l’école, manger seul au réfectoire et compter uniquement sur lui-même
pendant toute la durée de sa formation (4 ans). Ce traitement eut l’effet
inverse car Benjamin fut plus que jamais déterminé à réussir.
A
cette époque, il ne se doutait certainement pas que ce rude parcours
initiatique le préparait à une noble mission qui exigerait dépassement de soi
et surtout l’obtention obligatoire d’un succès à terme. Cette mission prit tout
son sens pendant la seconde guerre mondiale. En effet, pendant cette période,
il était institutionnellement reconnu et inscrit dans les documents officiels que
les militaires de couleur n’étaient pas aptes à assumer des fonctions supérieures
ou nécessitant des aptitudes intellectuelles élevées. Ils étaient donc confinés
à être les petites mains de l’armée américaine en s’engageant comme soldats,
cuisiniers, mécaniciens, etc. Lorsqu’en 1941, sous la pression des actions
anti-ségrégationnistes, une loi permit aux militaires noirs d’aspirer à mieux
dans l’armée américaine, l’espoir de servir son pays selon ses mérites naquit dans
le cœur de bon nombre d’Afro-Américains. Un programme de formation fut donc
ouvert à leur intention à Tuskegee en Alabama. Après leur formation, ils
intégrèrent des escadrilles et combattirent en Afrique du nord et en Europe.
Aussi, le 332nd Fighter Group placé sous le commandement de Benjamin Olivier
Davis devait-il, avant de se battre contre l’ennemi, se battre d’abord contre
les préjugés, le racisme et les humiliations : regards des autres, rires
narquois, interdiction d’accès au mess des officiers.
Malgré
l’adversité et menés par Benjamin, les Tuskegee Airmen, communément appelés les
Red Tails à cause de la couleur de la queue de leurs avions de chasse (le P-51
Mustang), accomplirent leur mission avec bravoure. Ils se taillèrent une solide
réputation aussi bien chez les pilotes allemands, qui les redoutaient, que chez
les équipages de bombardiers américains qu’ils étaient chargés de protéger. En
effet, lorsque les Red Tails assuraient la couverture des groupes de
bombardiers, aucun d’eux n’étaient abattu ou tout au moins les pertes étaient
minimes. Même si ces équipages d’aviateurs blancs étaient rassurés quand les
Red Tails étaient à leurs côtés dans le ciel, ils ne se doutaient pas un seul instant
qu’ils devaient la vie à des pilotes de chasse noirs.
Au
cours de la guerre, les Red Tails ont établi un record exceptionnel: ils ont
effectué plus de 15.000 sorties ; abattu ou détruit plus de 384 avions
ennemis ; détruit plusieurs centaines de véhicules, de chars, de trains, d’embarcations,
de bateaux, etc. Ils ont perdu 66 de leurs chasseurs et seulement 25
bombardiers.
Lorsque
le 29 mars 2007 au capitole à Washington, le président George W. Bush décore environ
300 Tuskegee Airmen ou leurs veuves en leur remettant la Médaille d'or du
Congrès, il eut ses quelques mots parmi tant d’autres : « Ces héros
ici présents ont combattu à l’occasion de deux guerres ; l’une en Europe
et l’autre dans le cœur et l’esprit de nos concitoyens».
Le
Président Bill Clinton eut lui aussi ces mots à l’occasion des obsèques du
Général Davis: « Il est aujourd'hui la preuve qu'une personne peut
surmonter l'adversité et la discrimination, réaliser de grandes choses, transformer
des sceptiques en croyants ; et par l'exemple et la persévérance, une
personne peut apporter un changement vraiment extraordinaire ».
Le
17 juillet 2002, le Général Davis fut enterré pendant qu’un P-51 Mustang
survolait le cimetière d’Arlington en hommage à cet homme d’exception.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire