vendredi 23 décembre 2011

La Tenue et les Symboles


Il était une fois, à l’aurore, la tenue fut confiée et portée par un agent assermenté. Il en prit soin, elle était toujours propre et bien repassée. La tenue le lui rendait bien, elle conférait autorité, respect et donnait envie à ceux qui s’en approchaient.

Puis vint une matinée au cours de laquelle, celui qui la portait oublia son serment, oublia la cérémonie pendant laquelle il reçu ses attributs et l’instant pendant lequel il fit corps avec elle. La tenue entra alors dans des lieux où elle n’avait pas le droit d’être ; elle endossa, malgré elle, des pratiques qui altérèrent son prestige. D’infidélité en compromission, la tenue se froissa, devint sale et terne. Un désamour apparut de surcroît entre elle et la population. Alors vint des jours sombres, des jours pendant lesquels même ceux qui avaient un peu de respect pour la tenue, lui tournèrent le dos, l’insultaient, la dénigraient…. Elle entra alors dans une phase de déprime extrême.

Dans cette situation ubuesque, arriva un après-midi des haillons, des tenues dépareillées, des « non-tenues » qui prirent pendant un moment sa place. Elles n’avaient pas de statut, n’avaient prêté aucun serment. Dans l’absolu, elles prirent une place qui n’existait plus que par défaut, car la tenue était maintenant loin du service, de la mission, de ce qu’elle devait incarner.

Soudain, au crépuscule, vint la lumière ! Certains se mirent à rechercher la tenue, pendant que d’autres implorèrent son retour. Tout le monde se tourna alors vers elle. Au cœur de la nuit, chacun prit brutalement conscience qu’au-delà du tissu, la tenue, sans parole, incarnait une réalité immatérielle et fédératrice.

La tenue a en effet « un pouvoir magique ». Elle fait abstraction de la condition sociale de celui qui la porte en lui conférant une autorité ou des valeurs qu’il doit incarner et mériter.

En définitive, les distinctions républicaines, les valeurs et les symboles sont certes fragiles, mais ils survivent aux hommes : la légion d’honneur fut créée par Napoléon Bonaparte en 1802 pour récompenser les mérites acquis par les citoyens, en dehors de toute considération sociale ou héréditaire. Cette « petit médaille » continue de faire battre le cœur de celui qui la reçoit.

Friedrich Nietzsche disait ceci : « Tout ce qui a son prix est de peu de valeur. »
Chacun de nous a une tenue qui n’a pas de prix; alors portons la humblement et dans la dignité !