jeudi 6 décembre 2012

Freedom


Il est des jours où sa personne ne compte pas ; où son petit confort ne compte plus. Il est des jours où le courage d’un seul arrive à faire changer le monde. Il est des jours historiques en effet, où par le sacrifice d‘un seul ou d’un groupe de personnes, le quotidien se transforme et laisse poindre à l’horizon les rayons sublimes de « l’impossible ».
Rosa Louise Mc Cauley Parks, dite Rosa Parks, devient une figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis, lorsqu’elle refuse le 1er décembre 1955, dans la ville de Montgomery en Alabama, de céder sa place à un passager blanc dans un bus.  Elle est alors arrêtée et inculpée. Les noirs devaient en effet s’asseoir à l’arrière des bus, tandis que les premières rangées étaient réservées aux blancs. Le Montgomery Improvement Association est alors mis sur pied par des leaders de la communauté afro-américaine avec comme président Martin Luther King. Ces défenseurs des droits civiques, lancent une vaste campagne de protestation et de boycott contre la compagnie de bus…pendant 381 jours. Leur revendication principale, que les blancs et les noirs puissent s'asseoir où ils veulent dans l'autobus. Le 13 novembre 1956, la Cour suprême déclare que la ségrégation dans les bus est anticonstitutionnelle.
Quelques années plus tard, face aux Etats du Sud qui conservent toujours leur politique ségrégationniste, les Freedom Riders initient une action pacifique. Ils veulent utiliser les bus inter-états pour tester l'arrêt de la Cour suprême qui rend illégale la ségrégation dans les transports. Le 4 mai 1964 le premier militant du mouvement part de Washington DC pour la Nouvelle-Orléans. Le mouvement s’amplifie, la répression…terrible ! Mais face à la haine, au Ku Klux Klan et aux émeutiers qui cassent et brulent les bus, ces hérauts de la non-violence offrent leur silence, leur sourire, leurs chants et leur soif insatiable de liberté. Le mouvement s'achève lorsque  le procureur général des États-Unis, Robert Kennedy, envoie une injonction qui force les États ségrégationnistes du Sud à appliquer la loi fédérale.

Martyrisés et emprisonnés en masse, ils étaient chaque jour de plus en plus nombreux à chanter la liberté. Ce qui est remarquable, c’est que des hommes et des femmes, des noirs, des blancs, des chrétiens, des juifs et des musulmans, ont su se retrouver autour d’une cause noble devant laquelle leur petite personne ne comptait plus. Au plus profond d’eux-mêmes, le miroir de leur conscience ne renvoyait plus que le vrai visage de l’homme qui se réconcilie avec son humanité.

En hommage à la mère du mouvement des droits civiques, le Révérend Jesse Jackson s’exprima en ces termes : « Elle s'est assise pour que nous puissions nous lever. (...) Paradoxalement, son emprisonnement ouvrit les portes de notre longue marche vers la liberté. »


mercredi 3 octobre 2012

Vers un écosystème favorable


Seul sur le rivage, le marin scrute l’horizon. Il essaie de lire dans la brise ou dans le vent qui se lève, le temps qu’il fera. Prendra-t-il la mer ? Lui seul le sait. Tantôt optimiste…tantôt pessimiste, tantôt motivé…tantôt las, tantôt clairvoyant….tantôt perdu ; telle est la météo de notre existence. Pour faire un pas en avant, l’Homme est continuellement balloté dans un écosystème qui peut être favorable ou défavorable. Pour prendre sa décision, il présentera au plus profond de lui-même, les deux faces d’une même médaille : rester immobile ou avancer.

Notre écosystème nourrit nos peurs, qui demeurent intimement liées aux notions de risque et d’incertitude. Oui, lorsque le pêcheur décide à l’aurore, de prendre la mer, il affronte les éléments avec courage et détermination, mais il ne sait pas si la journée sera fructueuse. Dans son écosystème, il est admis de rentrer bredouille et de recommencer le lendemain ; on louera son courage et la communauté des pêcheurs profitera de cette expérience additionnelle.

A l’opposé de cette pratique, notre écosystème local ne permet pas de libérer notre énergie créatrice. L’entrepreneur ou celui qui a un projet, peut être alourdi par une réalité bien de chez nous : un entourage qui le découragera en lui communiquant sa propre peur. Un entourage qui attendra avec délectation qu’il se casse les dents. Une société qui le dévalorisera quant il trébuchera ou échouera la première fois.

Alors la peur de l’échec nous étreint, le statu quo nous apparait alors comme l’alternative la moins risquée. Des idées meurent, des projets sont détruits et l’étincelle de l’innovation ne scintille plus dans l’obscurité de notre écosystème.

Sous d’autres latitudes, notamment sur la côte ouest des Etats Unis, un exemple d’écosystème peut nous inspirer. Il libère l’homme de ses peurs. Ses murmures n’arrêtent pas de dire d’agir, d’y croire, d’avancer. Et si l’échec survient au détour d’une expérience, il concevra que cet échec nous offrira tout de même un brin d’expérience qui nous fera triompher plus loin.

Aussi, ne nous reste-t-il plus qu’à redéfinir notre écosystème, sans jougs, sans frontières, sans limites. S’il est vrai que nous avons aujourd’hui pleinement intégré les applications d’Apple, il nous faudra également être sensible à cette invite de Steve Jobs lorsqu’il nous encourage en ces termes : « Soyez insatiables, soyez fous. C’est vrai que ce n’est pas dans le statu quo qu’on se préparera un avenir meilleur. Ni la frilosité et les certitudes qui nous permettront d’avancer ».

Avançons donc ! Osons mettre en œuvre nos idées et réaliser nos rêves. Même si nous n’avons pas réussi la première fois, la seconde fera certainement éclore une magnifique flamme qui changera notre quotidien et celui de notre pays.


lundi 16 avril 2012

Printemps et hiver Arabes


L’hirondelle n’a pas annoncé ce printemps là. C’est bien, Mohamed Bouazizi, un jeune marchand de fruits et légumes qui, en s'immolant par le feu en Tunisie a, par son geste, enflammé le monde arabe.

Ce drame, qui aurait pu passer presque inaperçu, s’est mué en un gigantesque tsunami dont les ondes de chocs ont fait trembler les fondations du monde arabe. En effet, de Tunis à Damas, des monarchies du golfe en passant par le Caire ou Tripoli, un soulèvement populaire s’est mis en marche avec les mêmes cris et les mêmes revendications : la liberté, la démocratie et de meilleures conditions de vie. Ce mouvement systémique, qualifié de « printemps arabe », même s’il partage le même épicentre a connu des formes et fortunes diverses : chute de Ben Ali et de Moubarak, mort de Kadhafi, réformes au Maroc, situation toujours dramatique en Syrie…

S’il est vrai que le printemps apporte douceur et renaissance de la nature, il n’en demeure pas moins que cette saison laisse place à l’automne puis à l’hiver. Passé les hourras et les youyous des femmes, qui annonçaient la délivrance du peuple, est apparu insidieusement l’automne. Aussi, les feuilles du dattier se sont-elles flétries, laissant la place à un paysage moins reluisant. Déjà, des courants islamistes, qui couvaient sous le boisseau, sont apparus dans certains de ces pays ; les interrogations également : les nouveaux leaders islamistes sont-ils de bonne foi lorsqu’ils donnent des gages de démocratie à la communauté internationale ? Les populations ne se retrouveront-elles pas prisonnières de leur propre révolution ?

J’ose espérer que cette période cruciale pour le monde arabe, en ouvrant la porte à la liberté par le « printemps arabe » n’a pas également ouvert une boîte de pandore qu’il sera difficile de refermer.

Victor Hugo nous souffle en effet à l’oreille cette maxime : « Les révolutions ont un besoin de liberté, c’est leur but, et un besoin d’autorité, c’est leur moyen. La convulsion étant donnée, l’autorité peut aller jusqu’à la dictature et la liberté jusqu’à l’anarchie. »

Le vrai sacrifice est celui qui produit des beaux et bons fruits. Quels seront les fruits de celui de Mohamed Bouazizi pour que le « printemps arabe » ne se transforme pas en « hiver arabe »?