Il est des jours où sa personne ne compte pas ; où son petit
confort ne compte plus. Il est des jours où le courage d’un seul arrive à faire
changer le monde. Il est des jours historiques en effet, où par le sacrifice
d‘un seul ou d’un groupe de personnes, le quotidien se transforme et laisse
poindre à l’horizon les rayons sublimes de « l’impossible ».
Rosa Louise Mc Cauley Parks, dite Rosa Parks, devient une
figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis,
lorsqu’elle refuse le 1er décembre 1955, dans la ville de Montgomery en
Alabama, de céder sa place à un passager blanc dans un bus. Elle est alors arrêtée et inculpée. Les noirs
devaient en effet s’asseoir à l’arrière des bus, tandis que les premières
rangées étaient réservées aux blancs. Le Montgomery Improvement Association est
alors mis sur pied par des leaders de la communauté afro-américaine avec comme
président Martin Luther King. Ces défenseurs des droits civiques, lancent une
vaste campagne de protestation et de boycott contre la compagnie de bus…pendant
381 jours. Leur revendication principale, que les blancs et les noirs puissent
s'asseoir où ils veulent dans l'autobus. Le 13 novembre 1956, la Cour suprême
déclare que la ségrégation dans les bus est anticonstitutionnelle.
Quelques années plus tard, face aux Etats du Sud qui
conservent toujours leur politique ségrégationniste, les Freedom Riders
initient une action pacifique. Ils veulent utiliser les bus inter-états pour
tester l'arrêt de la Cour suprême qui rend illégale la ségrégation dans les
transports. Le 4 mai 1964 le premier militant du mouvement part de Washington
DC pour la Nouvelle-Orléans. Le mouvement s’amplifie, la répression…terrible !
Mais face à la haine, au Ku Klux Klan et aux émeutiers qui cassent et brulent
les bus, ces hérauts de la non-violence offrent leur silence, leur sourire,
leurs chants et leur soif insatiable de liberté. Le mouvement s'achève
lorsque le procureur général des
États-Unis, Robert Kennedy, envoie une injonction qui force les États
ségrégationnistes du Sud à appliquer la loi fédérale.
Martyrisés et emprisonnés en masse, ils étaient chaque jour
de plus en plus nombreux à chanter la liberté. Ce qui est remarquable, c’est
que des hommes et des femmes, des noirs, des blancs, des chrétiens, des juifs
et des musulmans, ont su se retrouver autour d’une cause noble devant laquelle
leur petite personne ne comptait plus. Au plus profond d’eux-mêmes, le miroir
de leur conscience ne renvoyait plus que le vrai visage de l’homme qui se
réconcilie avec son humanité.
En hommage à la mère du mouvement des droits civiques, le
Révérend Jesse Jackson s’exprima en ces termes : « Elle s'est assise pour que
nous puissions nous lever. (...) Paradoxalement, son emprisonnement ouvrit les
portes de notre longue marche vers la liberté. »